Magazine DÉTOURS - N° 3 - Juillet 2003 -

L'art de lire
Par Jean-Claude ETTORI

Magazine DÉTOURS

N° 3 - Juillet 2003 -

 

" En écrivant Le chat d'Alexandrie, j'avais pensé imiter mon maître Henry MILLER et publier un jour Le livre de ma vie (My life and times), qui correspond un peu ou beaucoup au projet dont tu parles. Mais je pense que Marc LEGRAS est une mine d'or et qu'il a une place importante à tenir. Est-ce envisageable ? De plus c'est un homme modeste et souple et talentueux. Pour mes 70 étés, ça me semble raisonnable. DALI avait tort, le centre du monde n'est pas la gare de Perpignan, mais plutôt la librairie Castéla de Toulouse. À te lire. Amitiés. Jo. "


( Courrier de Georges MOUSTAKI adressé à Laurent DAYRAS )

     

Au siècle dernier, en 191O, dame Castéla ouvrait un commerce au 20, place du Capitole : Castéla, la maison du stylo. De la plume à l'écriture, on arriva vite au livre… Un demi-siècle plus tard, en 1969, le commerce fut revendu à M. et Mme BEZAGUT et celui-ci s'agrandit en sous-sol d'une librairie. En 1980, M. BLANC (l'actuel PDG) rachète la papeterie-librairie. En 1982, il crée, tout en l'agrandissant, le département micro-informatique. En 1986 et 1989, il acquiert une surface supplémentaire et fait de nouveaux travaux avec l'apparition du deuxième étage, pour une surface de vente de I 500 m2. Puis en 1992, nouvel agrandissement en sous-sol avec la création de la salle " Idées à moudre ". Pour la petite histoire, le nom de cette salle vient de l'existence d'un ancien moulin... à eau ! Dans le coeur des Toulousains, Castéla est la grande librairie de la cité rose, même si d'autres confrères ont aussi leurs caractéristiques et leur personnalité.
Voir les pages originales...
     
Pour diriger cet espace de culture, de savoir, de rencontre, le directeur général "a fait appel à Laurent DAYRAS qui règne sereinement et avec beaucoup de talent sur les rayons de la librairie, et qui s'occupe de la communication culturelle de l'établissement avec Marie DEQUE.

Comme le souligne Laurent DAYRAS, si la librairie est une entreprise qui a ses impératifs commerciaux, celle-ci n'oublie pas son rôle et son souci d'animation avec la mise en place il y a sept ans du salon du livre scolaire à Balma (banlieue Toulousaine), une manifestation très importante qui est le rendez-vous annuel de tous les éditeurs nationaux cour les domaines scolaires et universitaires, sachant pertinemment que 50 % du chiffre d'affaires de la librairie dépend de la très forte fréquentation du milieu enseignant (lycée, collège, université).

In situ, la librairie a d'autres originalités ; commençons par le voyage...

Là aussi, elle est la seule à proposer tous les livres pour le voyage, mais aussi toutes les cartes afférentes que vous ne trouvez que chez Castéla… Encore l'autre jour je rêvais sur une route perdue des Andes et dans une étape-relais d'un coin oublié aux Indes! Ainsi Castéla s'est offert une grande spécialité, et du même coup une fréquentation de voyageurs et une clientèle étrangère très importante, celle-ci devenant le support d'une riche communication culturelle.


Jo et, un peu caché, Laurent…
     

La librairie propose également d'autres animations et devient un lieu vivant, car si le livre est un art, il est aussi un art de vivre… Pour les J.O. de 1990 et la sortie d'ouvrages de références, Castéla proposa une démonstration de Taekwondo, souvent la musique fut à l'honneur avec le jazz et il y eut de grands moments lors de l'année Mozart.

 

Dédicace affectueuse et petit dessin…
L'art de vivre existe toute l'année à la librairie Castéla. La salle " Idées à moudre " y pourvoit grandement. Auteurs connus et inconnus s'y succèdent pour le plaisir de tous, dans cette salle voûtée aux briques roses et aux galets de la Garonne, car ici le respect et f l'humilité sont de mise, sans oublier l'accueil toujours égal.
     
Entrée de la librairie Castéla, place du Capitole à Toulouse. Tout en bavardant avec Laurent Dayras qui, répondant à mes questions, me soulignait qu'il pratiquait une politique de vigilance vis-à-vis de la concurrence qui s'est beaucoup développée, je jetais un oeil distrait sur un des murs de son bureau... et je fus surpris par le regard de Georges MOUSTAKI, le métèque, le grec, le pâtre… Il n'en fallut pas plus pour qu'il satisfasse ma curiosité. Georges MOUSTAKI est aussi écrivain et il vient très souvent chez Castéla, invité par Laurent DAYRAS lui-même qui est devenu son ami, et surtout le plus grand spécialiste de MOUSTAKI au monde. Pour Détours, la librairie Castéla et Laurent DAYRAS offrent à vous, chers lecteurs, ces inédits !


C'est peut-être pour cette histoire que j'ai voulu écrire ces quelques mots sur la librairie Castéla, car c'est une formidable histoire de vie, une histoire aux quatre vents comme le dit la chanson célèbre de Moustaki. C'est aussi pour cela que Laurent DAYRAS a donné cette vie à la librairie, parce qu'il a su gérer son ambivalence de gestionnaire et d'artiste. Trente-cinq femmes et hommes travaillent maintenant sur I 800 m2 avec 150 000 références, un chiffre d'affaires qui a quintuplé depuis 1980 et I 500 000 visiteurs par an.

La librairie Castéla bat avec le coeur de la ville pour très longtemps encore...