Vagabond |
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11 titres : J'aimerai la vie - Tom - Les mères juives - Femme ronde - Cet amour d’été – Vagabond - Le soldat - J’ai grand faiblesse pour les femmes – Bahia – Amoureuse - Les eaux de mars |
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A Rio de Janeiro, mi-juin, l'éternel «métèque» enregistrait son nouvel album, Vagabond, avec Francis Hime (arrangeur de Vinicius de Moraes), un disque aux humeurs bossa, tendre, désinvolte, épicurien et aussi grave et engagé. «Le hasard, répétait Cocteau, est un brillant organisateur, explique-t-il, l'œil bleu perçant, le cheveu long et blanc, attablé devant un lait de coco sur une plage d'Ipanema |
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Propos de Georges MOUSTAKI recueillis par Gilles Médioni |
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Vinicius, Tom, Jorge... «Bien avant mon premier voyage, j'avais déjà en tête le Bahia des romans de Jorge Amado, les livres d'aventures que je lisais gamin, les bossas de João Gilberto... Dès mon arrivée à l'aéroport, en 1972, j'ai senti, comme on disait à l'époque, les "vibrations du pays". Ensuite, Amado m'a offert son amitié et sa ville: je suis devenu bahianais de cœur. Plus tard, à Paris, j'ai rencontré un autre monument: Vinicius de Moraes. Quant à Tom Jobim, pour lequel j'ai écrit Tom dans mon dernier album, nous nous sommes vus à New York. C'est une période où je tentais, en vain, d'adapter Les Eaux de mars. Tom m'a envoyé un télex, a sauté dans un taxi, nous sommes tombés dans les bras l'un de l'autre et il a demandé à la secrétaire de l'ambassade du Brésil son aide pour la |
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traduction. Le morceau a tourné sur les radios dans les deux versions: la sienne et la mienne. J'ai eu un autre succès au Brésil avec Jo seph, chanté en portugais par Rita Lee. Puis j'ai écrit Bahia et Bye bye Bahia...» |
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« Jorge Amado, qui était profondément athée, m'a présenté un jour un haut dignitaire du clergé afro-brésilien avec lequel il était très lié. Par un jeu mystique de coquillages, j'ai appris que j'étais associé à la divinité Oxala, qui est un peu l'équivalent de Jésus-Christ et dont la couleur est le blanc. J'ai donc étrenné ma première fameuse chemise blanche lors d'un tour de chant à Bahia et je ne l'ai pas souvent quittée. Pour Garcia Marquez, on est toujours en droit de ressembler à ce que les autres imaginent de vous. Par exemple, j'ai écrit Le Métèque, Le Facteur, dans des tonalités « moustakiennes » avant de chanter des airs plus sombres. On a alors reproché à l'"apôtre de la bossa-nova" de virer au chanteur engagé. Et pourquoi pas? Dans Vagabond, je signe, en hommage à ma mère, Sarah, deux textes sur la judaïté : Les Mères juives, que j'ai pensé entonner un moment en duo avec Roger Hanin - j'ai tourné dans un Navarro! - mais il l'aurait « pied-noirisé ». Et Le Soldat, l'histoire vraie d'un jeune de 15 ans parti en Israël pour faire fleurir le désert et amené à semer la mort avec son fusil. Cet homme, que j'ai rencontré il y a trente ans, était assailli par le doute. Le morceau s'est imposé aujourd'hui vu le contexte. |
Je suis juif par le baptême, français par la langue, égyptien par la naissance, grec par les papiers, arabe par l'art de vivre.» |
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« En général, je suis le séduit, pas le séducteur ni l'attaquant ou le chasseur, ou alors je suis un poseur de lacets. J'aimerais écrire un livre sur « mes" fiancées », on a tellement fantasmé sur mes conquêtes féminines, mais il y a toujours le danger de l'indiscrétion, de la complaisance. |
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Cet album célèbre cette passion des femmes dans Amoureuse, J'aimerais la vie, J'ai grand faiblesse pour les femmes, notamment les Brésiliennes. Elles ne ressemblent à aucune autre. Je leur avais déjà dédié Chanson pour elle. « Elle ne marche pas, elle danse, elle ne parle pas, elle chante… » |
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