Nostalgie, la grande ambiguïté…...

 

Août 2003, deux concerts de Jo, une semaine merveilleuse. L'un à Sète, l'autre aux Jardins de Cap Roig à Calella en Espagne. Des plaisirs, des émotions, des découvertes, des retrouvailles avec Antoine, Maïté, Pelai et Pilar.

Le plaisir d'entendre Paco Ibañez dont les commentaires entre les chansons furent des apartés aussi riches que les magnifiques textes dont il nous gratifia.

Plus tard, une immense et indescriptible émotion lors de la prestation d'Haydée Alba. Auparavant, dans le back stage, l'après midi, nous avions conversé durant le réglage des balances. Grand sourire d'une indicible bonté, œil pétillant d'intelligence, elle avait attiré mon attention.

  Haydée est née à Buenos Aires, en Argentine. Elle chante la musique populaire de son pays, le tango. Du reste, elle ne chante pas, elle vit, elle respire, elle insuffle, elle envahit. Accompagnée magnifiquement par Jo au piano, elle m'a pétrifié. J'avais le cœur au ralenti durant sa prestation. J'étais en apnée, en immersion profonde. Intraduisible en quelques lignes... Bien après le spectacle, je pensais à une rime d'une chanson que Jo a écrite à propos de Piaf " ... la si petite grande dame..."
 
  En Espagne, le spectacle eu lieu dans un magnifique parc arboré de milliers d'espèces végétales différentes. Magie de l'endroit, émerveillement habituel, joie de revoir Maïté et Pelai, spectacle durant lequel j'ai perdu la voix… J'ai chanté quelques jours plus tard dans une commune reculée des Pyrénées Orientales. Au dire de mes enfants, si je n'ai pas chanté faux, j'étais au moins deux tons en dessous et l'on ne m'entendait guère…

Que reste t-il de tout cela ? Déjà, cette faculté qu'a Jo de me faire rencontrer ou découvrir des personnes qui me touchent, qui parlent à mon cœur. Je n'ai jamais rencontré Jorge Amado, Miller, Waltari et bien d'autres. La liste est longue. J'ai approché Haydée Alba et cela fut un grand bonheur.

Comme à l'accoutumée apparut dans les jours qui suivirent une grande nostalgie qui confina à la douleur.

Mais la nostalgie c'est quoi ?

Littéralement ce mot vient du Grec (tiens !) nostos (retour) et de algie (douleur). Simplement cela pourrait se traduire par " la maladie du pays " Pays de notre enfance mais également pays de nos rêves, de nos envies, de nos aspirations, celui d'un "ailleurs", quel qu'il soit : spatial, temporel, abstrait ou indéfini.

J'ai longtemps vécu loin de mon pays et j'en avais éprouvé une grande nostalgie. Paradoxalement, le retour qui aurait dû en altérer les effets fut en lui-même sous forme d'échecs répétés et persistants une forme de grande douleur…

La douleur du départ n'est elle pas au retour un nouveau départ… de la douleur ?

Pas si simple !

André.


" La lune s'en va sur l'eau.
Comme le ciel est serein !
Elle fauche lentement
Le frisson du fleuve ancien
Cependant qu'une rainette
La prend pour miroir à main.

… "


Federico García Lorca