Je, tu, il...

JE, est le centre du monde. Nombriliste à souhait, quelquefois prétentieux, bien souvent dérisoire, il est le plus souvent un sujet ennuyeux.


TU, plus prometteur, sans doute, n'en est pas moins un traître. Tu me parles de toi, je n'entends que ma voix.


IL, profite de l'absence pour médire à l'envi.


NOUS, se veut fédérateur. C'est un fieffé menteur et souvent le tout premier des lâches.


VOUS, plus poli est loin d'être joli. Autoritaire et froid il est dans ses hauteurs et marque son dédain pour l'interlocuteur.


ILS, dernier de la famille n'en est pas plus plaisant. Accusateur, pratiquant l'amalgame, il conjugue au pluriel toutes les vilenies.

J'ai gardé le plus laid pour la fin. Le cousin fourbe, amnésique, approximatif, indéfini… Son surnom, vocable de trois lettres qui lui va comme un gant, est souvent usité malencontreusement.

Pour autant, ces rejetons d'une famille étrange se marient quelquefois, au détour d'une phrase, à de superbes compagnons. Que le verbe soit beau, fragile, fort, qu'il vous parle ou vous dérange et ces piteux ersatz s'en trouvent transcendés. Les noces consommées, ils peuvent engendrer une horde de mots qui vibrent, sonnent, hurlent et qui en harmonie livrent tous leurs secrets. C'est la magie du texte, la gloire de la phrase, le chant de la voyelle, noblesse de l'écrit qui rarement déçoit.

Pour peu que quelques notes, égrenées doucement, se mélangent aux mots prononcés lentement et c'est l'apothéose, la grandeur de l'instant. Une chanson est née sans trop savoir comment. Une chanson qui de bouches à oreilles voyage dans l'espace en oubliant le temps…

Je t'aime
Tu m'aimes
Il m'aime…

 

André