Carnet de notes…
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Toulouse le 29 mars 2002, dans le hall de l'aéroport, Murielle, Laurent et moi attendons Georges en bavardant. L'air est léger, l'ambiance est aux retrouvailles, l'humeur à la plaisanterie. Vers 13h15, Jo, guitare en bandoulière, arrive par l'avion de Paris avec son ami Antoine. Dans la voiture qui fonce vers le centre ville, à la demande de Laurent, je préviens le restaurant, par téléphone, de notre imminente arrivée. Les journalistes sont déjà attablés, Jo fait une entrée discrète, nous nous installons, le déjeuner de presse commence.
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Laurent, notre hôte, est
aux anges. Il est assis en face de moi, son regard brille, son bonheur
est perceptible et communicatif, je suis heureux pour lui. Quelques heures
plutôt, il m'a accueilli chez lui, dans la campagne proche. Cette
journée, il l'a préparée de longue date, avec l'éditeur,
avec son attachée de presse, avec les journalistes, sans doute
avec sa douce compagne, mais aussi et surtout avec son enthousiasme et
sa délicatesse. Durant la semaine précédente, il
m'a écrit souvent, téléphoné plusieurs fois.
Tout est prêt, cadré, réglé. Pour autant,
il sait comme moi que seul le moment présent sera notre guide.
Ni lui ni moi ne le craignons, c'est notre force. |
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Jo, en milieu de
table, du même coté que moi, réponds à l'un,
taquine l'autre, lance, comme à son habitude, un regard empreint
d'intérêt et d'amabilité non équivoque à
la serveuse. La conversation, à laquelle je ne participe pas, m'échappe
un peu. Je distingue pourtant quelques phrases citées à
propos de sujets d'actualité qui le préoccupent et dont
il m'a entretenu par ailleurs. |
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Ma voisine, jeune journaliste stagiaire, s'inquiète pour la tenue de l'interview quelle doit conduire après le repas. Sa jeunesse, sa fraîcheur, son regard aiguisé qui n'a pourtant pas encore perdu le charme de l'enfance, m'émeuvent quelque peu. J'ai besoin de la rassurer comme je le ferais avec ma fille à la veille d'un examen. Elle ne connaît pas beaucoup les chansons de Georges, elle est très intimidée. Je constate, au fil de notre conversation, qu'elle a lu entièrement " Le chat d'Alexandrie ". Je le précise car je ne suis pas certain que ce soit le cas de tous les présents… J'aperçois quelques questions, consciencieusement couchées, libellées d'une écriture ronde et appliquée sur une petite fiche cartonnée. Je l'encourage un peu, je ne doute pas de l'issue de leur entretient et le lui dis. De fait, le lendemain, je n'ai pu m'empêcher de demander à Georges son avis sur la qualité de cette rencontre. Il me confirma que je ne m'étais pas trompé. Vers la fin du repas, Antoine, l'ami de Jo, attire mon regard et ma sympathie par une répartie intestine et méritée à l'endroit d'une convive. Rien de méchant dans sa réplique, un simple cri du cœur qui ne se voulait pas blessant, simplement sincère. Décidément, il me plait bien Antoine. Enjoué, jovial, il me fait part de sa passion pour Michel QUINT, auteur pour moi inconnu. Alliant le geste à la parole, il ouvre une large pochette en cuir, étale quelques bouquins et m'offre " Effroyables jardins ". En rentrant me coucher, je voulais commencer le livre, mais après une page ou deux j'ai suivi son conseil et refermé l'ouvrage : " A lire d'un trait ! " - Sans vérité, comment peut-il y avoir de l'espoir ? - Tu avais raison, Antoine, je l'ai vraiment beaucoup aimé ton livre !!! |
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Le repas terminé, nous nous
rendons chez CASTÉLA. La librairie est animée,
les clients feuillètent à tous les étages… Laurent
guide, dans son antre, Georges qui s'attarde sur un livre
consacré à BRASSENS. Avec Murielle,
nous quittons la place pour nous enquérir d'un magasin de photos.
La ville est envahie de piétons qui semblent se projeter d'un endroit
à un autre sans lever le bout de leur nez. Les quelques arbres
croisés, les poteaux signalétiques, semblent participer
à cette frénésie ambiante. Nous marchons lentement
en cherchant l'échoppe. Notre conversation n'est pas gênée
par ces zombis sans visage qui quelquefois se glissent entre elle et moi.
Je ne devine pas, à tort, son parfum habituel mais je remarque
son cuir un peu destroy qui lui va à ravir. La fin d'après
midi est douce, le moment agréable… |
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18h00, Georges donne une ultime
interview en aparté. La superbe salle voûtée, en sous-sol
de la librairie, commence à se remplir. Je discute avec Murielle
et Antoine. Laurent s'approche et me présente Maïté et Pelai qui viennent d'arriver
de Barcelone. Pelai, quelle
joie de le rencontrer enfin ! Comme moi il est catalan,
mais pour le coup, je suis l'homme du nord ! Comme nous, il aime et connaît Georges. Du reste, Jo dit de lui qu'il sera
sa mémoire si celle-ci lui faisait un jour défaut ! La présentation
du livre va bientôt commencer. Jo et le journaliste
prennent place. La salle est comble. Les questions du reporter sont de
qualité, en revanche les quelques demandes de l'auditoire sont
de teneurs très inégales. Au bout d'une heure trente, la
conférence s'achève. Dès la fin des dédicaces,
nous nous retrouvons en cercle restreint d'une petite dizaine de personnes,
autour d'une coupe de champagne. Pelai me conte sa première
entrevue avec Jo... |
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Homme pluridisciplinaire, il est,
notamment, fabricant de hamac. Cela ne s'invente pas ! A l'occasion d'un
concert au "Palau de la Música ", à Barcelone, il a eu l'idée
d'offrir à Jo un article de sa production. Son discours
est sobre, son français remarquable, son regard dévoile
une sage acuité. Tout comme Laurent et moi même
il est issu de ce que l'on pourrait appeler la " Génération
Moustaki ". Certes différents, nous sommes tous trois
nés la même année. Nos parcours divergent en tous
points mais nos routes, pour mon plus grand plaisir, se rejoignent aujourd'hui.
Paradoxalement, c'est pour moi la plus grande satisfaction du jour… Plaisir
d'enfant gâté ! |
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Jo se lève et quitte " la table aux paraphes ", le cercle qui s'était formé autour de lui se disloque peu à peu. En empruntant l'escalier qui rejoint la sortie, je pense à Teruko, à son lointain Japon, à sa passion intacte…
Entouré de Murielle, de Laurent, de Pelai et Maïté, d'Antoine, j'écoute Jo, je suis collé à mon siège, aucune politesse ne me ferait céder ma place… Tard dans la nuit, nous raccompagnons Georges à son hôtel. " Bonne nuit Jo, à demain, à 11h00 ! " Après un dernier verre avec Maïté et Pelai, nous saluons avec regrets nos amis qui doivent rentrer en Espagne et ne pourrons donc pas continuer, avec nous, la fête à Tarbes. Dans la berline que Laurent conduit sereinement pour regagner sa demeure, nous échangeons nos sentiments sur la journée…. Demain sera pour nous une autre aventure
! .../... |
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