Quatrième de couverture...
  Je viens de recevoir le livre. Je note le titre un peu racoleur, un tantinet usé : « La ballade du Métèque ». La photo de Jo, sans fard, rides naturellement arborés, sourire madré, est d’une douceur exquise et opportune. Seule la colorimétrie un peu rougeâtre de l’ensemble de l’image et notamment du blanc des yeux me gêne un peu. L’auteur, Louis-Jean CALVET m’est quasiment inconnu. J’avais simplement noté et d’ailleurs publié un texte, joliment écrit, édité dans l’intégrale baptisée : « Tout Moustaki ou presque »

J’ai pour habitude de m’attarder plus longuement sur la quatrième de couverture de mes futurs voyages. Envisager le contenu condensé du livre me paraît insuffisant. Ma recherche est ailleurs. Elle est une quête méticuleuse d’indices faussement anodins qui éveilleront ou pas ma curiosité de lecteur, mon appétit de découvertes, ma quête d’émotions.

Deux bribes de phrases et une question me trottèrent longtemps dans la tête après avoir fini ma courte mais attentive observation de ce pavé de 353 pages.

« … biographie… » Il n’est pas habituel et surtout pas aisé de rédiger l’histoire de la vie d’un artiste alors même que cette vie, loin d’être achevée, est bouillonnante, rayonnante et à bien des égards, malgré ou à cause de la septantaine passée de peu, en devenir ! De plus, le fait que le manuscrit de cette œuvre puisse être lu, éventuellement corrigé, par le personnage central fausse quelque peu les lois du genre. L’analyse subjective mais, si je puis dire, « à responsabilité limitée» peut ne pas être respectée.

Le narrateur pause le problème au début de l’ouvrage. Dans le développement, son option réside en de brillantes mais parfois discutables analyses livrées par de successives couches de couleurs, quelque traits de fusain et autres « sanguines linguistiques » C’est ainsi que cette biographie « ante mortem » se glisse au cœur de l’étymologie du mot qui vient du grec bios (la vie) et graphein (écrire). Par extension : dessiner. L’architecture est impressionniste. Les traits et les couleurs délicats et variés.

« …qui n’exclut pas le regard critique… » Il y a dans cette approche des perspectives rassurantes. De fait et c’est heureux, l’auteur nous fait découvrir un MOUSTAKI piètre époux, quelquefois cabotin, à l’occasion vindicatif prêt à faire le coup de poing pour une vétille, calculateur machiavélique qui abhorre la défaite. Bref, un homme et non pas une icône.

Ma lecture fut rapide, critique et intéressée. Certes de nombreuses anecdotes citées m’étaient connues. D’autres, que Jo m’a glissées à l’oreille restèrent ignorées. Cependant, certaines furent des découvertes. Marie-Ange, Helena et Marta sont enfin mises en lumière. Le regard porté sur Jo est attentionné, subtil, pertinent. J’y ai trouvé de grandes similitudes avec mes propres réflexions. L’artiste et son oeuvre y sont présentés de manière exhaustive. L’homme simple et complexe, secret et prolixe est approché fidèlement sans que quiconque puisse en faire complètement le tour. J’y découvre les mêmes non dits si importants, les mêmes approches, les mêmes attitudes que j’ai scrupuleusement notés lors de nos échanges. J’y ai ressenti les mêmes gènes et les mêmes maladresses que l’on peut commettre à son contact. J’y ai, de plus, découvert un texte de chanson qui ravira à n’en pas douter son public. Pour le reste, à chacune, à chacun son approche. Mes réserves, peu nombreuses, resteront très personnelles.

Pour conclure là où j’ai commencé, je me demandais quelle était la nature des rapports de l’auteur et de MOUSTAKI ? Jo réponds, partiellement, dès la première phrase de la première page : « … une vielle connaissance et un ami récent ». Cependant, cette amitié peut revêtir bien des formes. Quelle dose d’admiration l’auteur nourrit-il à l’endroit du poète ? Au fil des chapitres la réponse s’esquisse mais c’est bien à la dernière page qu’elle nous est livrée. Naïvement, de manière touchante, l’auteur énumère les quelques similitudes de leurs vies, de leurs goûts, de leurs aspirations. Ce qui m’apparaît comme un transfert vers le père est un indéniable et sincère « je t’aime ».

Pour la suite, si suite il y a, hasta luego y muchas gracias señor CALVET.

André